Cantons officiels et cantons INSEE, quelles différences?

      Le canton officiel actuel remonte à 1801. Chacun correspondait à la circonscription d'action d'une brigade de gendarmerie (pour la fameuse justice de paix, en fait justice de première instance), d'une brigade de sapeurs-pompiers et d'une perception. Dès le départ, certaines communes soit particulièrement peuplées soit sans autre chef-lieu de canton à moins de trente ou quarante kilomètres, furent scindées entre deux ou plusieurs cantons.
      La loi sur les conseils généraux de 1833 leur attribua un rôle électoral, un canton devant élire un conseiller général pour siéger au conseil général (appelé à l'époque conseil de département, par opposition au conseil d'arrondissement, qui avait le même cadre d'élection, le canton). Puis les écarts de population se creusèrent avec le temps, pour cause d'exode rural. Rechignant à supprimer des sièges de conseillers généraux, les ministres de l'Intérieur successifs remédièrent à l'obligation morale d'un minimum d'égalité démographique entre cantons en scindant les cantons urbains, notamment par subdivision des villes centres, pour passer grosso modo de 3000 à 4000 unités aujourd'hui. Cette fonction élective finit par éclipser ses fonctions premières, au point de les dénommer fréquemment de nos jours cantons électoraux.
      La réforme de 2014, entrée en application en 2015, était voulue par la gauche qui, non sans raison, criait à l'injustice démographique en ce qui concernait l'élection du conseiller général. Mais le nouveau découpage, déjà progressivement remplacé par d'autres, plus adaptés aux nécessités de la gendarmerie ou des sapeurs-pompiers, est devenu d'un coup un découpage exclusivement électoral, soumis au pouvoir politique qui le retouchera quand bon lui semblera. Le gigantisme des cantons ruraux n'aidera pas à lui conserver une grande légitimité, qui existait en zone rurale grâce à la complémentarité entre le chef-lieu qui correspondait le plus souvent à la seule grosse commune du canton, avec des communes peu peuplées s'adressant à ce chef-lieu pour ses besoins primaires.
      Quoi qu'il en soit, l'INSEE donne la population dans ce cadre légal. Mais pour ses autres usages statistiques, avant cette réforme comme depuis 2015, l'INSEE réunifie les communes divisées entre deux ou plusieurs cantons et, en conséquence, considère le reste des cantons ainsi privés d'une fraction de commune comme autant de cantons à part entière. L'INSEE dénomme le plus souvent ce découpage particulier canton-ou-ville.

      Prenons l'exemple d'une ville moyenne partagée dès l'origine entre plusieurs cantons officiels, Angers.

exemple des cantons d'Angers

      Vous observez trois cantons officiels au démarrage, en 1801, dont un, le Sud-Est (SE) se compose de deux morceaux, un au centre de la ville d'Angers (en grisé renforcé) et un à l'est et à l'extérieur de la ville. Les créations de cantons concernèrent à la fois la partie rurale et la ville, pour aboutir deux siècles après à huit cantons, dont six à cheval sur la ville d'Angers et deux entièrement inclus dans la dite ville. L'INSEE a tout à fait normalement repris le découpage officiel pour nombre de ses données, avec les codes officiels, soit 4901, 4902, 4903, 4936, 4937, 4938, 4939 et 4941. Mais elle a aussi adopté le dernier des trois découpages visibles ci-dessus, en réunifiant la ville, qu'elle code 4998, et en conservant le reste des autres cantons, soit six, dont elle conserve également le code officiel, soit respectivement les 4901, 4902, 4936, 4937, 4938 et 4941. A noter qu'elle fait la même chose avec Cholet et Saumur, la ville de Cholet étant codée 4997 et Saumur étant codée 4999.
      Même politique depuis la réforme de 2015: un canton exclusivement urbain et intra-muros à Angers, six à cheval sur la ville et les alentours.


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